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Les interventions du diététicien

Quelles sont les interventions cliniques possibles du diététicien pour aider les personnes atteintes de troubles de l’alimentation ou du métabolisme ?

 

Selon l’arrêté du 27 novembre 2024 portant définition et fixant les conditions de délivrance du brevet de technicien supérieur “Diététique et nutrition” : “Le titulaire d'un BTS Diététique et nutrition est un professionnel de la santé, expert en nutrition et alimentation. Il met en œuvre la démarche de soin diététique. Il établit un diagnostic diététique et les modalités de mise en œuvre des soins diététiques, de l'éducation et de la prévention diététiques, intégrés dans un programme de soin global. Dans son diagnostic, le diététicien intègre dans son raisonnement les dimensions psychologiques, socio-économiques, culturelles et environnementales. Il participe à l'adaptation de l'alimentation pour garantir la couverture des besoins nutritionnels des personnes malades ou en bonne santé, seules ou en groupes. Il intervient sur prescription médicale, dans l'éducation et la rééducation nutritionnelles des personnes prises en soins atteintes de troubles du métabolisme ou de l'alimentation”.

En prenant en compte cette définition, on peut s’interroger sur les différentes interventions cliniques possibles du diététicien. ll est énoncé dans l’arrêté que la cible du soin diététique est l’éducation et la rééducation nutritionnelle du patient, qu’il soit en bonne santé ou atteint par un trouble de l’alimentation ou du métabolisme. Un soin nécessitant de prendre en compte les dimensions psychologiques, socio-économiques, culturelles et environnementales de la personne. 

 

À partir du moment où l’intention de l'intervention clinique proposée participe à la rééducation nutritionnelle, une multitude d’interventions s’ouvre au soin, adaptée à la problématique, à la subjectivité et aux valeurs du patient. 

De plus, selon les recommandations pour la pratique clinique de 2006 produites par l’Association des diététiciens de langue française, en partenariat méthologique avec la HAS, la nutrition est : “la science qui se trouve au carrefour de plusieurs disciplines : les sciences biologiques (physiologie, biochimie), les sciences du comportement (principalement la psychologie), les sciences de la terre, notamment l’agronomie, et enfin les sciences humaines et sociales (économie, sociologie). Elle porte sur la relation de l’être humain avec la nourriture quels que soient les aspects étudiés.” C’est aussi l’avis du PNNS 3, qui entend le mot nutrition comme englobant les questions relatives à l’alimentation (nutriments, aliments, déterminants sociaux, culturels, économiques, sensoriels et cognitifs des comportements alimentaires) et à l’activité physique.

 

Quant au mot éducation, il provient de “Educere” : littéralement conduire vers l’autonomie, éclore les potentialités inhérentes à la personne. « L’éducation, c’est faire prendre conscience à chacun qu’il peut se choisir un destin et s’efforcer de le réaliser. Il ne s’agit pas de fabriquer des hommes tous conformes à un modèle, ayant tous appris les mêmes réponses, mais des personnes capables de formuler de nouvelles questions... » (Albert Jacquard).

La nutrition étant une science qui s'imbrique de façon complexe avec d’autres domaines, cela nécessite que les interventions puissent l’être tout autant, en s’extirpant de ce que peut représenter le diététicien dans l’imaginaire collectif, simple prescripteur de régimes.

 

Différentes dimensions peuvent s'inclure dans le soin diététique, orientées vers cette ré/éducation nutritionnelle. Celles que j’ai choisi proviennent de la thérapie basée sur les processus (Process-Based Therapy) de Hofmann, Hayes et Lorscheid. Cette approche thérapeutique se concentre sur l'identification et la modification des processus psychologiques, tels que les croyances et les comportements mal adaptatifs pour aider les individus à développer des compétences d'adaptation flexibles et à mieux répondre aux défis de la vie.

Comment intervenir vis-à-vis de ces dimensions ?

 

1) Aborder et informer sur les liens entre les dimensions et la nutrition grâce à l’éducation thérapeutique.

 

2) Accompagner le patient  à entamer des changements comportementaux au service d’une ré/éducation nutritionnelle.

 

3) Orienter et travailler en pluridisciplinarité pour ce qui n’est pas inhérent aux compétences du diététicien.

 

Exemples non exhaustifs

Émotions : évitement d’émotions insécurisantes par l’acte de manger → développer de la sécurité dans ses ressentis émotionnels pour permettre leur régulation.

 

Motivation : motivation au changement alimentaire centrée sur le chiffre de la balance → faire émerger des valeurs de vie au service de changements durables.

 

L’attention : dissociation corporelle suite à un vécu traumatique s’accompagnant de difficulté de perception de sa faim → psychoéduquer sur le lien entre psychotraumas et perturbation du comportement alimentaire ; s'orienter vers un.e psy spécialisé.e ; se reconnecter en douceur à ses sensations alimentaires.

 

Alimentation : insuffisance d’apport en fibres impactant la satiété avec une augmentation des calories consommées lors des repas → enrichir ses apports alimentaires avec des aliments riches en fibres et adaptés à ses goûts.

 

Sommeil : carence en sommeil perturbant les hormones de la faim et diminuant l’énergie disponible pour mettre en place des comportements nouveaux → travailler sur l’hygiène du sommeil ; orienter vers un médecin du sommeil en cas de suspicion d’apnée du sommeil.

 

Normes sociales : exposition à des images de corps non réalistes sur les réseaux sociaux, idéalisant la minceur et amenant à se restreindre dans son assiette → discuter de ces normes ; développer un esprit critique vis-à-vis de ces dernières ; réduire son exposition en hackant l’algorithme.

 

Stigmatisation : grossophobie médicale ayant pour conséquences de la honte au moment des repas, participant à des crises d’hyperphagie → psychoéduquer sur le poids, sur la grossophobie ; développer des compétences d’assertivité et prendre du recul avec les pensées critiques.

Ce ne sont que des exemples, et en fonction de l'analyse avec vous de la problématique, nous pourrons mettre en place des solutions adaptées.

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